Statuts de protection
et de conservation


Statut légal et mesures de protection
En France, le Gypaète barbu est une espèce protégée.
  1. Sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps : la destruction intentionnelle ou l'enlèvement des œufs et des nids ; la destruction, la mutilation intentionnelles, la capture ou l'enlèvement des oiseaux dans le milieu naturel ; la perturbation intentionnelle des oiseaux*, notamment pendant la période de reproduction et de dépendance, pour autant que la perturbation remette en cause le bon accomplissement des cycles biologiques de l'espèce considérée.
  2. Sont interdites sur les parties du territoire métropolitain où l'espèce est présente ainsi que dans l'aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants la destruction, l'altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux. Ces interdictions s'appliquent aux éléments physiques ou biologiques réputés nécessaires à la reproduction ou au repos de l'espèce considérée, aussi longtemps qu'ils sont effectivement utilisés ou utilisables au cours des cycles successifs de reproduction ou de repos de cette espèce et pour autant que la destruction, l'altération ou la dégradation remette en cause le bon accomplissement de ces cycles biologiques.
  3. Sont interdits sur tout le territoire national et en tout temps la détention, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente ou l'achat, l'utilisation commerciale ou non des spécimens d'oiseaux prélevés - dans le milieu naturel du territoire métropolitain de la France, après le 19mai 1981- dans le milieu naturel du territoire européen des autres Etats membres de l'Union européenne, après la date d'entrée en vigueur dans ces Etats de la directive du 2 avril 1979 susvisée ».
Voici un lien vers le jugement suite à une perturbation.

Au niveau européen, l'espèce est inscrite à l'Annexe I de la Directive "Oiseaux" n°79/409/CEE du Conseil de l’Europe du 2 avril 1979 concernant la conservation des oiseaux sauvages (JOCE du 25 avril 1979, dernière modification JOCE du 30 juin 1996) qui mentionne le Gypaète barbu parmi les espèces devant faire l’objet de mesures spéciales de conservation, en particulier en ce qui concerne son habitat (Zone de Protection Spéciale). Cette directive a été traduite en droit français par l'arrêté du 16 novembre 2001 qui classe le Gypaète barbu parmi les espèces pouvant justifier de la désignation de zones de protection spéciales au titre du réseau écologique européen Natura 2000.

Le Gypaète barbu est inscrit en Annexe II de la Convention de Bern du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe ratifiée par la France (JORF du 28 août 1990 et du 20 août 1996), dans laquelle il apparaît comme "espèce devant être strictement protégée".

Il est inscrit en Annexe II de la Convention de Bonn du 23 juin 1979 relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ratifiée par la France (JORF du 30 octobre 1990) qui le mentionne parmi les « espèces migratrices se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessitant l’adoption de mesures de conservation et de gestion appropriées ».

Règles du commerce international
Il est inscrit en Annexe II de la Convention de Washington du 3 mars 1973 sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) ratifiée par la France (JORF du 17 septembre 1978 ; dernière modification JORF du 22 mars 1996) qui le mentionne comme « espèce vulnérable dont le commerce est strictement réglementé ».

Il est inscrit en Annexe C1 du Règlement communautaire CITES (CEE) n° 3626/82 du Conseil de l'Europe du 3 décembre 1982 relatif à l’application dans la Communauté européenne de la CITES (dernière modification JOCE du 10 mars 1995) qui le mentionne comme « espèce menacée d’extinction dont le commerce à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne est interdit, sauf dans des conditions exceptionnelles ».

Statut de conservation
Au niveau mondial, le Gypaète barbu est classé « least concern » (= quasi menacé) (Birdlife International, 2008).

A l'échelle européenne, d'après les critères définis par BirdLife International (TUCKER et HEATH, 1994), le Gypaète barbu est classé en catégorie SPEC 3 (Species Populations in European Category 3) qui regroupe les espèces dont les populations ne sont pas concentrées en Europe, mais dont le statut de conservation est défavorable pour les populations européennes.

L'espèce a été classée « Vulnérable » en Europe (BirdLife International, 2004).

En France, l'espèce est inscrite sur la Liste Rouge révisée de la faune dans la catégorie "En danger" (UICN France, 2008). Elle est classée dans la catégorie CMAP 1 qui regroupe les espèces présentes en France et menacées à l'échelle mondiale dont la Conservation Mérite une Attention Particulière de niveau 1.

Etat de conservation

Critères de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature)
Trois critères permettent de classer la population de Gypaètes barbus de l'Europe de l'Ouest dans les catégories UICN suivantes selon le critère considéré :
  •  taille de la population : moins de 2500 individus matures : Menacé d'extinction ;
  • zone d'occurrence estimée à moins de 50 000 km², fragmentée en moins de dix sites et avec un déclin constaté de la zone d'occurrence : Vulnérable ;
  •  déclin continu estimé de la zone d'occupation au cours des trois dernières générations : Gravement menacé d'extinction ;
  •  réduction estimée d'au moins 50 % de la population au cours des trois dernières générations : Menacé d'extinction.
Malgré les efforts entrepris depuis plus de 10 ans en Europe de l'Ouest, l’espèce est toujours considérée selon les critères UICN comme "Menacée d'extinction".

Critères de la Directive européenne « Habitat »
Selon les critères proposés par la Directive « Habitat, Faune, Flore » 92/43/CEE qui se reposent sur quatre paramètres : aire de répartition, effectifs, habitat de l’espèce, perspectives futures, l’état de conservation de la population alpine est estimé défavorable mauvais.

Valeurs de référence pour l'espèce au niveau national
Aire de répartition de référence favorable
L'aire de référence favorable est d'environ 28 000 km² (en intégrant le massif des Bauges, la Chartreuse, le Vercors, les Baronnies et le Verdon).
Cette approximation correspond à la totalité des régions biogéographiques (alpine, continentale, méditerranéenne) des Alpes françaises.
Population de référence favorable
La population de référence est estimée entre 35-45 couples dans les Alpes françaises (en intégrant le massif des Bauges, la Chartreuse, le Vercors, les Baronnies et le Verdon).
Habitat de l'espèce
Habitat présentant un relief abrupt, des milieux ouverts avec des ongulés sauvages ou domestiques de taille moyenne et des zones rupestres pouvant abriter un vaste nid et des pierriers sur lesquels l'oiseau pourra casser des os.

ParamètreEtat de conservation
Code couleur
Favorable
Défavorable
inadéquat
Défavorable
mauvais
Indéterminé
Aire de répartition
 

   
Effectif 

   
Habitat de l'espèce
 

   
Perspectives futures
 

   
Evaluation globale
de l'état de conservation
 

   

Eléments d'explication
Aire de répartition de l'espèce
Suite aux différents programmes de relâchers d'individus dans les Alpes, le Gypaète barbu a reconquis une partie du massif alpin. En 2008, à l'issue du programme Life Nature "Gypaète barbu dans les Alpes", l'effectif de la population était estimé à environ 130 individus. 18 territoires étaient identifiés en 15 couples reproducteurs étaient installés sur l'arc alpin, répartis en deux noyaux dans les Alpes nord occidentales et les Alpes centrales. Malgré cette progression importante, l'aire de répartition reste en dessous de l'aire de répartition de référence, permettant de classer ce paramètre en défavorable mauvais.
Effectif
En 2008, l'effectif était de 15 couples reproducteurs sur l'ensemble du massif alpin et de 7 couples dans les Alpes françaises. Ilest inférieur de plus de 25% à l'effectif de référence justifiant son classement en défavorable mauvais.
Habitat de l'espèce
En termes de eones de nidification, les surfaces disponibles sont encore plus importantes. Les zones d'alimentation et les capacités trophiques sont importantes en haute montagne. Elles sont plus faibles en zone méditerranéenne et basse montagne.
Globalement, l'habitat de l'espèce actuellement disponible peut être considéré comme favorable.
Perspectives futures
Les nombreux jeunes présents ainsi que le prolongement des lâchers et le bon succès reproducteur laissent espérer une augmentation continue des effectifs. La mise en place de nouveaux sites de lâchers (Vercors) permettrait d'accélérer fortement l'accroissement de l'aire géographique occupée.
Cependant l'accroissement ne se poursuivra qu'à la condition de maîtriser l'impact du poison, du tir et des collisions contre les câbles.
Les perspectives futures sont donc bonnes mais restent conditionnées à la maîtrise de certaines menaces encore présentes ce qui classe ce paramètre en défavorable inadéquat.